Krishna, huitième avatara de Vishnou, et Râdhâ sa gopi préférée dansant sur un lotus, peinture murale, Shekawati, Rajasthan, Inde
             Holî,
                                                             la fête des couleurs et du printemps    

La fête de Holî est célébrée dans toute l’Inde. A la fois fête religieuse et fête populaire, colorée, joyeuse, elle a de multiples noms Vasanta-Mahotsava, le grand festival du printemps, et Kâma-Mahotsava, le grand festival de l’amour, mais aussi Holikotsava, le festival de Holikâ.  Le  rituel accompli la veille de Holî renvoie à un mythe connu de tous : la victoire de Prahlâda sur sa tante, la démone Holikâ...

 


La légende de Prahlâda
 

Hiranyakashipu était le roi des asura (démon). Afin d’acquérir des pouvoirs et de devenir invincible, il passa des années en méditation et en ascèse. Brahmâ, ému par sa dévotion, lui apparut et lui demanda de formuler un vœu. Hiranyakashipu savait bien que l’immortalité ne pouvait lui être accordée mais il demanda à Brahmâ :  « Qu’aucune arme ne puisse m’atteindre, que je ne puisse être tué ni par un homme ni par une bête, ni le jour ni la nuit, ni à l’intérieur d’un lieu ni à l’extérieur. » Hiranyakashipu se croyant ainsi à l’abri de la mort s’enhardit, attaqua les dieux, prit le pouvoir sur les Trois Mondes et y fit régner la terreur. Il était devenu si puissant que les hommes et les dieux ne voyaient vraiment pas d’où pourrait venir le salut. Vishnu les rassura en disant : « Prahlâda, le propre enfant d’Hiranyakashipu, est un de mes plus fervents adorateurs, il causera sa perte. »

Les dieux demandèrent comment un asura, et qui plus est, le fils du roi des asura pouvait être devenu un dévot de Vishnu. « Il y a quelques années, après l’une des nombreuses batailles qui nous opposaient aux asura, les dieux envahirent le royaume d’Hiranyakashipu et enlevèrent sa femme. Indra voulut la prendre pour épouse mais elle attendait un enfant. Afin de respecter le dharma et de la protéger, je la confiai au sage Nârada.  Elle vécut dans son ermitage jusqu’à la fin des combats. Nârada, chaque jour, lui donnait des enseignements et Prahlâda, encore dans le sein de sa mère, s’imprégnait de savoir et de sagesse. La guerre finie, Hiranyakashipu vint chercher la reine. L’enfant naquit peu de temps après leur retour et, bien qu’il fût élevé et instruit par des asura, il garda un cœur pur, rempli de l’amour et de la connaissance du divin. »

Et en effet, au royaume des asura, Hiranyakashipu ne parvenait pas à empêcher son fils de répéter les noms divins, de prier et d’adorer Vishnu. A mesure que l’enfant grandissait, son père réalisait qu’il était un danger pour lui et pour son royaume.  Il ne voulait pas qu’un allié des dieux, du bien, de la lumière, lui succède sur le trône des asura. Il décida de le faire tuer. Il envoya des hommes armés pour l’assassiner, lança contre lui un troupeau d’éléphants furieux, des serpents venimeux, lui offrit à boire une liqueur empoisonnée et, avec l’aide de sa sœur Holikâ, il dressa un bûcher au pied de l’arbre sous lequel Prahlâda méditait et y mit le feu. Mais ni les assassins, ni les éléphants, ni les serpents ne purent approcher de l’enfant en prière, le poison lui sembla aussi doux que du miel et il continua à méditer, assis sereinement au milieu des flammes qui  consumaient tout autour de lui.
Voyant qu’il ne pourrait vaincre son fils par la violence, Hiranyakashipu tenta de le détourner de sa foi et de lui prouver par le raisonnement que son attachement à Vishnu n’était que folie. Les démons étaient au moins aussi puissants que les dieux, puisqu’ils étaient arrivés à les détrôner et à régner à leur place sur le ciel, la terre et l’espace intermédiaire. Prahlâda répliqua : «Tout pouvoir est le pouvoir de Vishnu, Il est le Dieu suprême, la force des forts, le pouvoir des puissants, Il est présent en tout. » Hiranyakashipu, fou de rage, brandit son épée contre son fils en hurlant : «S’il est en tout, Vishnu est aussi dans ce pilier ; s’il est dans ce pilier, qu’il se montre et te sauve de ma colère ! »   

Alors le pilier se fendit et un être extraordinaire en sortit. Ce n’était ni un homme ni une bête, le bas de son corps était celui d’un être humain et le haut celui d’un lion. Il se rua sur Hiranyakashipu et le traîna sur le seuil. Il n’utilisa pas d’arme pour le tuer, il le déchira avec ses griffes. Le soleil venait de disparaître à l’horizon et nul ne pouvait dire s’il faisait jour ou nuit. Le démon fut vaincu sans que la parole de Brahmâ soit désavouée. Reconnaissant Vishnu sous la forme de Narasimha, Prahlâda se prosterna devant lui et demanda que son père soit purifié de tous ses péchés. Vishnu exauça son vœu et le bénit.

Prahlâda succéda à son père et son règne fut un règne de paix et d’harmonie dans les Trois Mondes…

   

 


Le feu de Holî

La veille de la fête de Holî, on célèbre une pûjâ en l'honneur de Prahlâda.On plante une branche de bois vert que l'on honore par des aspersions d'eau, des offrandes de kumkum, encens, fleurs, noix de coco, nourritures (laitages, fruits…) et on récite des mantra. Autour de la branche, on entasse de l'herbe et de la bouse sèches, du bois mort, on y suspend des mâlâ de perles de bouse de vache séchée et on y met le feu. Lorsqu'il a bien pris, on retire vivement la branche qui représente Prahlâda sauvé des flammes. Le bois sec représente Holikâ, la soeur d'Hiranyakashipu qui mourut dans le bûcher qu'elle avait allumé pour son neveu. On allume à ce feu des baguettes d'encens avec lesquelles on bénit la maison. Des gerbes de céréales sont passées au-dessus du feu de Holî et conservées toute l'année pour procurer l’abondance.


                                                                 Le nom de la fête de Holî vient du nom Holikâ.

        
Holî est la fête des couleurs...
 












 






 
Pour le temps de Holî tous les gens sont égaux. Jeunes et vieux, femmes et hommes de tous milieux et de toutes castes jouent ensemble, ils se lancent des poudres de couleurs ou de l’eau colorée. Les barrières sociales tombent, tout est permis, les insolences, les écarts de langage ou de comportement…
 Et tout est excusé par une simple exclamation : Holî hai ! C’est Holî !
     
 
 
et aussi celle du printemps...


 
 Le réveil de la nature, le chatoiement des couleurs, l’éclosion des bourgeons, le chant des oiseaux, tout concourt à créer une ambiance érotique, à troubler les esprits, à éveiller les sens. Voilà sans doute pourquoi à la fête du printemps sont associés les cultes de divinités liées au désir, à l’érotisme, à la passion, à l’amour. On rend hommage à Krishna et Râdhâ les amants divins, mais également à Kâma le dieu de l'amour, à sa compagne Ratî, Désir, et à leur compagnon Vasanta, Printemps.
 
 

... la préférée de Krishna et Râdhâ
 

 
 

  Cette fête, aussi appelée Madanotsava, fête de l’amour  et Charandi, fête des couleurs, était la préférée de Krishna, il aimait "jouer Holî" avec Râdhâ et ses amis de Vrindâvan.


Au temple,
les images de Krishna et Râdhâ sont ornées de fleurs et de poudres de couleur





L’enfant qui joue le rôle de Krishna est paré et maquillé puis, sous une pluie de fleurs, un danseur l’emmène en le portant sur ses épaules jusqu’aux portes du sanctuaire. Là, il dansera des épisodes de la Krishna lila devant les images divines.

                  
                                   


Dans les bosquets, le jasmin blanc

Répand le parfum capiteux

De ses fleurs en guirlandes ;

Egarant l’esprit des ascètes,

 Affolant les sens des garçons,

Il les envoûte tous !

 En ce printemps plein de tendresse,

Hari s’amuse en ces bosquets

Avec les jouvencelles.

Il danse, ami ! Il danse ici,

En ce printemps, saison cruelle

Aux amants séparés !

 Et le tronc du manguier s’émeut

De sentir l’étreinte des lianes

Emprisonner son corps ;

Et les eaux de la Yamunâ,

Lascivement de ses méandres

Enlace Vrindâvan!

Extrait de la troisième chanson du Gîta-Govinda de Jayadeva. Traduction de Jean Varenne, Editions du Rocher.
 

HOLΠ HAI !
En 2017, Holî sera célébré le 13 mars...

 
 



Créer un site
Créer un site